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Le 12 juillet

Paris, en ce clair été, est bien propice aux flâneries chères aux amoureux du Passé. Hier, nous avons erré ainsi aux Tuileries.

- Sais-tu, Clio, que, sans bouger de place, on peut évoquer un siècle d'histoire. Il suffit de se rendre place de la Concorde, à l'entrée du jardin.

- A l'emplacement de l'ancien pont tournant ?

- Exactement.

Et nous sommes allés rêver devant la plus belle place du monde...

C'est ici, sur le pont même, un soir de 1778, que le comte d'Artois offrit à Marie-Antoinette le spectacle d'une curée aux flambeaux.

Marie-Antoinette traversa le pont tournant un autre soir d'été, le soir du samedi 24 juin 1791. C'était le soir du retour de Varennes... La garde nationale présentait les armes, la crosse levée comme pour un enterrement, regardant passer le convoi funèbre de la vieille monarchie.

Le dernier regard de la reine se posa sur le pont tournant devant lequel on avait élevé son échafaud.

- Et peut-être, Clio, en fermant les yeux, entends-tu venir du fond des temps, la voix de Marie-Antoinette demandant pardon au bourreau de lui avoir marché sur le pied :

- Faites excuses, monsieur, je ne l'ai pas fait exprès...

Combien de fois Napoléon n'a-t-il pas franchi le pont tournant des Tuileries en revenant de ses cavalcades glorieuses à travers l'Europe !...

Mais, un jour de 1814, ce furent les cosaques du tsar Alexandre qui traversèrent le pont. Ils allèrent, on s'en souvient, attacher leurs chevaux aux arbres du jardin et installer leur cuisine au pied du marronnier qui, l'année suivante, sera le marronnier du 20 mars, cher à Clio...

La calèche de Louis XVIII (on avait installé toute une machinerie pour que le fauteuil du royal podagre pût s'y glisser) franchit bien souvent le pont au grand galop, allure favorite du roi.

C'est au même grand galop, le 29 juillet 1830 à midi cinq minutes, que passèrent par là les cavaliers de Marmont refluant en désordre devant les combattants des Trois Glorieuses.

C'est encore ici, le 24 février 1848, que le roi Louis-Philippe et la reine Marie-Amélie, traqués par une meute de manifestants, montèrent en fiacre, abandonnant leur trône à l'émeute.

C'est ici (toujours ici) que le matin du 2 décembre 1851, le matin de son coup d’État, le futur Napoléon III mit son cheval au galop pour traverser le jardin et aller prendre le pouls de Paris.

Enfin c'est ici que, le matin du 4 septembre 1870, la foule houleuse, entourant des drapeaux voilés de crêpe, vint battre la grille aux cris de "Vive la République !" "A bas l'Impératrice !"

Au même moment, la malheureuse femme (la dernière souveraine de France) au pied de la Colonnade du Louvre, s'engouffrait, elle aussi, dans un fiacre et, à son tour, prenait le chemin de l'exil.

Un siècle auparavant (une nuit de 1770) le soir du tragique feu d'artifice donné à l'occasion du mariage de Louis XVI et de Marie-Antoinette, les Parisiens qui fuirent l'incendie par le pont tournant eurent la vie sauve tandis qu'à deux pas, à l'entrée de la rue Royale, "on marchait sur un monceau de cadavres".

A suivre...

Vos commentaires sont les bienvenus😃

Tag(s) : #Ephéméride, #Evénement historique
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