Sous le Second Empire, deux vieilles grand-mères coiffées d’un bonnet de dentelle vivaient au château de Pépinville, près de Thionville.
Elles aimaient raconter leurs souvenirs à un petit garçon aux jolies boucles noires. Et l’enfant ne se laissait pas d’écouter. Un récit avec sa préférence. C’était l’histoire d’un jeune officier du génie qui tenait garnison à Morlaix.
En 1814, lors d’un bal offert à l’occasion du retour de Louis XVIII, il avait revu une adorable jeune fille qu’il avait déjà aperçue à la cathédrale. Elle s’appelait Félicité le Tendre…
Le bel officier (il était beau, bien sûr) sentit son cœur battre à grands coups. Or, il advint que la jeune fille perdit le petit ruban blanc qui ornait ses cheveux. L’officier le ramassa et le glissa sous le plastron de son uniforme.
Quelques mois plus tard, Napoléon quittait l’île d’Elbe et la France redevint empire. L’officier dut rallier son corps qui se trouvait dans le Sud-Est. C’était toute la Vendée à traverser. La Vendée qui, à l’instar des gars de 1793, s’était insurgée.
L’amoureux de Félicité fut arrêté…
- Un officier de Bonaparte, un Bleu !
Il allait sans doute être passé par les armes, lorsqu’on le fouilla… et l’on découvrit le ruban qui avait orné la chevelure de Félicité.
Les Chouans parlèrent tous en même temps.
- Un ruban blanc ? L’officier est royaliste !
- Chevalier du Lys ?
Et on le relâcha en s’excusant.
Après les Cent Jours, l’officier revit Félicité le Tendre et lui conta « de quelle façon miraculeuse il avait été sauvé par son amour ».
Ici, la grand-mère s’arrêtait ; elle regardait le petit garçon qui n’avait pas perdu un mot de son récit, et doucement, elle achevait :
- La jeune fille au ruban blanc devint bientôt la femme de l’officier du génie… C’était ton grand-père, mon enfant, et moi-même.
L’enfant s’appelait Théodore Gosselin, et grâce au ruban blanc de Félicité le Tendre, il se mit à aimer l’Histoire.
Il sera un jour G. Lenotre et mourra le 7 février 1935.
A suivre...
Vos commentaires sont les bienvenus😃