4 juin :
Quand les bourreaux récusaient la guillotine
- Es-tu pour ou contre la peine de mort ? s’informe Clio.
- Pourquoi me demandes-tu cela ?
- Parce que c’est la question du jour. (Texte publié en 1962)
- La question était « du jour » aussi sous la Révolution et elle fut même posée à tous les bourreaux de France.
- Et ils répondirent « oui », bien sûr ?
- Ils répondirent « non »…
- Mais il s’enlevaient ainsi le pain de la bouche !
- Clio, tu as là de ces formules ! Ils répondirent « non » parce qu’à l’époque il y avait un exécuteur par chef-lieu de canton… Dans l’Est il y en avait même un par village. Aussi la plupart de ces bourreaux étaient-ils des gens paisibles qui avaient hérité de leur charge et se contentaient d’enfouir les charognes et d’écorcher les bêtes mortes.
- Un jour de juin 1793, la Convention ordonne que tous ces bourreaux soient répartis sur le territoire de la république, un pas département, et apprennent à se servir de la guillotine…
- Cela fut parmi les bourreaux une véritable panique. Il existe aux archives nationales un carton rempli de lettres de ces malheureux qui n’avaient jamais exécuté personne et se récusaient « pour cause d’inexpérience et d’incapacité ». Il y a même un brave bourreau qui écrit pour refuser le poste. Il reconnaît qu’il est exécuteur « mais, précise-t-il, il n’en a jamais joui », de ces fonctions.
- Et si les bourreaux restèrent chez eux, qui exécuta ?
- Les Sanson, la tribu des Sanson… et puis des amateurs… beaucoup d’amateurs, mais nous tairons leurs noms, de peur que l’un de nos lecteurs n’apprenne tout à coup qu’il est l’arrière-petit-fils d’un bourreau.
A suivre...
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