L'éphéméride d'André Castelot (suite)

4 Octobre 2023

Le 4 octobre

En revenant du Salon de l'Auto, Clio, un chapeau informe encore sur la tête, a eu la curiosité de feuilleter Fantasio qui, un jour de novembre 1910, demanda aux personnalités de l'époque leur opinion sur l'automobilisme.

Voici les réponses (imaginées, du moins je veux le croire) que publia notre confrère :

M. André Antoine, de la Compagnie du gaz et de l'Odéon, par téléphone (811-42) :

"Ah ça ! N. de D., qu'est-ce que ça peut bien vous f... ce que je pense de l'automobilisme ? J'en pense... J'en pense... Je n'en sais rien ce que j'en pense. Vous lui direz cela, au ministre. Et puis, si ça ne lui suffit pas, vous ajouterez que je l'emm...".

De M. Jean Jaurès, cette phrase qu'il faut lire avé l'accent de Cahors :

"L'automobile serait un admirable instrument d'affranchissement, fournissant du travail à l'ouvrier affamé et couvert de sueur, si ce n'était en même temps un terrible levier d'asservissement au mains du capital, qui s'en sert comme d'une massue pour assommer les travailleurs et comme d'un couteau pour les égorger,

jusqu'à ce que viennent les temps (qui ne sont pas loin) où l'automobile sera une plate-forme pour le socialisme triomphant et un tremplin pour le prolétariat enfin éclairé et continuant sa marche vers plus de justice et plus de bonheur, dans la poussée irrésistible des forces écrasant l'hydre de la réaction, sous le talon des droits imprescriptibles et inaliénables."

De M. Pierre Loti (de l'Académie française) :

"Les tristes courlis annonciateurs de l'automne viennent d'apparaître dans une bourrasque grise, fuyant la haute mer, sous la menace des tourmentes prochaines... Je suis seul, ou à peu près, dans ma petite maison d'Hendaye...

Je regarde la Bidassoa jaunâtre et la très vieille Fontarabie... Je suis apaisé et presque heureux, étant guéri d'un fort mal de dents qui m'a tenu trois jours... Les feuilles rousses tombent autour de moi comme un rappel de l'éternel néant."

Du général de Galliffet :